






Retour en images : performance culinaire participative — Cuisine médicinale et résilience : un récit gustatif sur les hôpitaux et l’expérience des patient·es racisé·es.
Dans le cadre du colloque Food and Power: Eating and the Politics of Inequality, organisé par Mathilde Cohen à l’Institut d’étude avancée, le 11 juin.
On commence par un rituel collectif : goûter le tamarin, recracher le noyau et tendre les noyaux aux autres comme une offrande. Inscrit dans le Bencao Gangmu (本草綱目) comme fruit médicinal venu d’ailleurs, ce fruit subtropical incarne les premiers échanges interculturels, à travers son goût acidulé-sucré et ses vertus digestives. Aujourd’hui, il migre à nouveau avec le réchauffement climatique — peut-être que ce fruit pourrait s’épanouir ici. Donnerez-vous une chance à cette graine migrante de germer sur votre balcon ?
La dégustation se poursuit avec des ingrédients et plats inspirés de la cuisine médicinale asiatique : racine de lotus, hydne hérisson (猴頭菇), Tremella fuciformis (銀耳), fleur d’osmanthus… pour composer un paysage où le sucré et le salé coexistent, selon la logique du dim sum cantonais. Le tout est assaisonné avec du shiokoji et de l’amazaké, mes alliés fermentés pendant mon parcours de soin.
Alors goûtons ce paysage avec les petits mantous et les petits pains mochis. Il s’agit d’une texture rebondissante et agréable chez moi — on dit 彈牙 (teeth bouncing, littéralement), contrairement au mot « caoutchouteux » en français.
Dans ce moment partagé, je me demande : quel est le goût de la résilience ? Comment jongler entre conscience écologique et réconfort culturel en tant que migrante, surtout au moment de la traversée d’une maladie ?
Entre soin, plaisir, adaptation et mémoire : une méditation gustative sur la migration et la guérison.


